Rappel PB : Comment se manifeste l’intimité du chercheur dans les écritures savantes, et plus précisément dans les publications scientifiques ?
Hypothèse : L’intimité du chercheur est collective, elle est le fruit de toutes les dynamiques humaines et technologiques intervenant dans la chaîne éditoriale d’une publication savante.
La manifestation accepte ici son double sens : celui de la révélation/apparition et celui de la démonstration. Étudier la manifestation de l’intimité du chercheur consiste à observer les mécanismes et processus de son apparation, sa construction, et ceux de sa démonstration/témoignage/publication.
Afin d’y répondre, la proposition de plan est la suivante :
- Chapitre 1 : L’intimité du chercheur et théorie des médias
- Revue de littérature intime :
- histoire de l’intime
- héritage chrétien
- héritage stoicien (Sénèque + Marc-Aurèle)
- les paradoxes de l’intime
- comment l’histoire de l’intime nous aide à penser ce qu’est l’intimité du chercheur
- Revue de littérature publication savante :
- histoire des revues savantes (passage des correspondances aux revues, jusqu’au numérique)
- la chaîne éditoriale scientifique en contexte numérique
- rôles des diffuseurs
- histoire de ces diffuseurs
- les diffuseurs comme réponse à un besoin pour les revues numériques
- détail de leur chaîne éditoriale (OpenEdition)
- L’intimité comme medium :
- Brève revue de litt. sur la théorie des médias
- Intermédialité (étude des relations entre les médias)
- Revue de littérature intime :
- Chapitre 2 : Ce que les machines écrivent dans le texte
- Définir l’écriture numérique
- Le fonctionnement d’un ordinateur
- Le logiciel comme médiation entre humain et machine
- Étude de cas : Stylo
- Chapitre 3 : De l’oubli des traces intermédiaires de l’écriture numérique
- les traces numériques
- Production de documents et désintéressement des fichiers temporaires ou des écrits de la machine (ex: pour la fouille de texte des archives du web on supprime les balises html, considérées comme du bruit)
- transformation des sources et production des artefacts à publier
- les processus de transformation
- L’effacement des traces intermédiaires / trajectoires d’écriture
- effacement des architextes en creux de l’écriture par les processus de transformation : est-ce pour une raison de lisibilité machine ou lisibilité humaine ? Pourquoi cet effacement ?
- les traces écrites publiées sont sélectionnées (politique éditoriale)
- quelle différence existe-t-il entre la source et l’objet transformé ? (attention à ne pas tomber dans la génétique du texte !)
- effacement et oubli des traces intimes
- Étude croisée :
- le Pressoir (écriture et transformation) : livre sur les contributions numériques
- analyse des scripts, qu’est-ce qui disparait ?
- Pandoc, le couteau-suisse de l’édition
- Export avec Stylo
- les bases technologiques du pressoir et de stylo sont identiques pourtant on obtient des documents complèmtement différents. Montrer cette différence (différence de sens inputable à ces traces intermédiaires)
- le Pressoir (écriture et transformation) : livre sur les contributions numériques
- Chapitre 4 : La relecture par les pairs et les solutions d’Open Peer Review
- histoire du peer review
- open peer review
- request for comments
- hypothesis
- cas d’étude : Livre Marta et Nicolas
- activer ce terrain bientôt : faire des entretiens
- Chapitre 5 : Mémoires et archives des publications savantes
- la publication = faire mémoire
- les archives numériques et leur traitement
- la nature des archives (hardwares / softwares / formats)
- les publications savantes = faire mémoire (peut-être le mettre à cet endroit ?)
- recollection et traitement des traces disséminées sur le web/internet
- cas d’étude :
- livre sur l’oeuvre de Louise
- comment éditer des textes dont on a perdu les traces d’écriture initiales ?
- moissonner un dépot de textes (analyser les écritures réalisées par les outils à l’intérieur des textes) : se focaliser sur un diffuseur ? une revue ?
- livre sur l’oeuvre de Louise
Résumés courts des parties
- Chapitre 1 : L’intimité du chercheur et théorie des médias
Cette première partie est centrée sur la définition de l’intime et sur la mobilisation de cette notion dans le cas spécifique de l’intimité du chercheur. Plutôt que de se focaliser sur une acception courante et contemporaine de l’intime qui, depuis la seconde moitié du 20e siècle, est relié à l’érotisation du corps, principalement par le fait de la réappropriation de ce terme par les grands médias (Montemont), nous retraçons son histoire dont les plus anciennes traces remontent à l’Antiquité. Que l’intimité soit héritée de l’empire grec ou du christiannisme, nous nous appuierons sur l’histoire de ce concept pour nous aider à penser ce que peut être l’intimité du chercheur dans l’espace numérique.
L’intimité du chercheur prend la forme d’un parcours tout au long duquel s’agrègent différentes entités, qu’elles soient de nature humaine ou numérique. Ce sont elles qui contribuent à façonner les textes qui, mis bout à bout, produisent l’intimité du chercheur. Afin de contextualiser l’écosystème de cette trajectoire, nous reviendrons dans cette deuxième partie sur l’histoire des productions savantes et sur les transitions entre les différents medium qui les ont supportés comprenant ceux de l’espace numérique, en portant une attention particulière au diffuseur OpenEdition. Nous mobiliserons la théorie des médias en nous appuyant sur les différents courants depuis McLuhan comme prisme de lecture de cette histoire des médias des publications savantes. Plus particulièrement nous mobiliserons l’intermédialité montréalaise pour positionner l’intimité en tant que medium des dynamiques d’écriture.
- Chapitre 2 : Ce que les machines écrivent dans le texte
En suivant les pensées de l’éditorialisation et de l’énonciation éditoriale, l’écriture numérique n’est plus le seul produit d’une fonction auctoriale, mais d’un ensemble de fonctions éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie. Cet ensemble comprend à la fois des interventions humaines mais aussi des interventions réalisées par la machine que l’on peut inclure dans ce que l’on appelle une chaîne éditoriale. Selon ce dispositif, et puisque notre hypothèse positionne l’intime en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander si l’ensemble des fonctions éditoriales ne participeraient-elles pas à produire l’intimité du chercheur et à transformer ainsi l’intimité en intimité collective / commune ? Pour apporter des premiers éléments de réponse, ce deuxième chapitre sera dédiée aux interactions entre le texte et les acteurs qui participent à son écriture.
- Chapitre 3 :
Le texte, une fois rédigé, n’est pas publiable en l’état. L’action suivante à l’écriture consiste à transformer et adapter le contenu textuel à l’objet que l’on souhaite rendre public, tout en respectant un certain nombre de régles éditoriales selon le type d’objet à produire et des politiques éditoriales en vigueur dans les maisons d’édition ou les revues savantes. Cette transformation, que l’on peut associer à des changements de formats, procède à des modifications du texte original pour qu’il soit adapté à l’objet désiré. Ce faisant, la transformation réécrit intégralement le document pour en générer un nouveau qui n’est plus le document source, au détriment d’une partie de l’écriture initiale qui doit disparaitre et ne sera, ce faisant, jamais publiée. De plus, à l’instant de la publication, on peut également observer une nouvelle modification puisque le texte n’est jamais présenté sous son apparence brute mais se voit dotée d’une surcouche graphique supplémentaire. Dans cette troisième partie, nous démontrerons qu’en effacant des traces de l’écriture du document source et en y adossant une surcouche graphique, ces transformations suppriment et cachent une partie de cette intimité que l’écriture a produite. Nous nous appuierons sur des cas concrets de transformations réalisées par plusieurs logiciels avec Pandoc et Le Pressoir croisées avec des transformations réalisées avec l’éditeur de texte Stylo.
- Chapitre 4 :
Lors des chapitres 2 et 3, nous avons observés les écritures numériques réalisées par la machine. Toutefois, comme nous l’avons vu dans le chapitre 1, la chaine de publication académique comporte une autre étape cruciale : la relecture par les pairs. Celle-ci est à l’origine de nombreuses modifications dans le texte. Dans ce quatrième chapitre nous étudierons cette étape de relecture et les changements qu’elle apporte au texte. Après un tour d’horizon des modalités de relecture par les pairs, notre attention se portera sur l’étude d’un livre ayant fait l’objet d’une relecture ouverte et questionnera les changements que les commentaires ont apporté dans le texte source.
- Chapitre 5 : Mémoires et archives des publications savantes
Enfin, la cinquième et dernière partie sera consacrée aux dimensions mémorielles des publications savantes, à ce que ces mémoires décrivent et aux différences qu’il peut y avoir entre le texte dans l’espace de la chaîne éditoriale et le texte accessible aux publics. Les procédures d’archivage et/ou de pérennisation des ressources numériques ne sont pas complètement fiables, du fait de plusieurs paramètres tel que l’obsolescence, en conséquence de quoi il n’est pas rare de trouver des archives incomplètes voire corrompus. Alors qu’elles font office d’indice et de trace de publication antérieure, ces mémoires représentent-elles fidèlement les objets qui ont été publiés ? Quels écarts existent-ils entre ces deux artefacts ?
[Note : Je ne suis pas sûr de la pertinence de traiter cette dimension mémorielle que la thèse est centrée sur l’écriture. La mémoire pourrait faire l’objet d’une ouverture ou d’un autre projet post-thèse. À la place de ce chapitre, je propose un autre chapitre sur le travail et la place des assistants d’édition dans la construction du texte. Qu’en penses-tu ?]