Proposition de plan
Ce billet est l’occasion d’écrire une ébauche de la table des matières de ma thèse.
Rappel PB : Comment se manifeste l’intimité du chercheur dans les écritures savantes, et plus précisément dans les publications scientifiques ?
La manifestation accepte ici son double sens : celui de la révélation/apparition et celui de la démonstration. Étudier la manifestation de l’intimité du chercheur consiste à observer les mécanismes et processus de son apparation, sa construction, et ceux de sa démonstration/témoignage/publication.
Afin d’y répondre, la proposition de plan est la suivante :
- Partie 1 : L’intimité du chercheur
- histoire de l’intime
- héritage chrétien
- héritage stoicien (Sénèque + Marc-Aurèle)
- les paradoxes de l’intime
- comment l’histoire de l’intime nous aide à penser ce qu’est l’intimité du chercheur
- Partie 2 : Évolution des écritures savantes
- histoire des revues savantes (passage des correspondances aux revues, jusqu’au numérique)
- théorie des médias (+éditorialisation)
- la chaîne éditoriale scientifique en contexte numérique
- rôles des diffuseurs
- histoire de ces diffuseurs
- les diffuseurs comme réponse à un besoin pour les revues numériques
- détail de leur chaîne éditoriale (OpenEdition)
- Partie 3 : L’écriture numérique est collective (ici on ne traite pas de l’intervention humaine sur un texte mais de la contribution du numérique à l’écriture)
- tour d’horizon histoire de l’écriture
- écriture numérique
- énonciation éditoriale
- la partie hardware des ordinateurs (les périphériques, etc..)
- partie software + architextes
- écriture savante :
- quels en sont les besoins (voir these Nicolas Sauret)
- cas d’étude partie écriture : Stylo
- Partie 4 : De l’oubli des traces intermédiaires de l’écriture numérique
- les traces numériques
- partie théorique sur Kittler + Hayles + Barad ? (pour développer plus ce qui aura été écrit dans le chapitre 3)
- transformation des sources et production des artefacts à publier
- les processus de transformation
- L’effacement des traces intermédiaires / trajectoires d’écriture
- effacement des architextes en creux de l’écriture par les processus de transformation : est-ce pour une raison de lisibilité machine ou lisibilité humaine ? Pourquoi cet effacement ?
- les traces écrites publiées sont sélectionnées (politique éditoriale)
- quel delta existe-t-il entre la source et l’objet transformé ?
- quel delta entre l’objet tranformé et l’objet publié ?
- effacement des traces intimes
- cas d’étude :
- le Pressoir (écriture et transformation) : livre sur le forum
- analyse des scripts, qu’est-ce qui disparait ?
- Pandoc, le couteau-suisse de l’édition
- le Pressoir (écriture et transformation) : livre sur le forum
- Partie 5 : La relecture par les pairs et les solutions d’Open Peer Review
- La relecture par les pairs est aussi un ajout dans cette intimité qui se crée.
- histoire du peer review
- open peer review
- request for comments
- hypothesis
- cas d’étude : Livre Marta et Nicolas
- Partie 6 : Mémoires et archives des publications savantes
- la publication = faire mémoire
- les archives numériques et leur traitement
- la nature des archives (hardwares / softwares / formats)
- définir le document numérique (pédauque etc)
- les publications savantes = faire mémoire (peut-être le mettre à cet endroit ?)
- recollection et traitement des traces disséminées sur le web/internet
- cas d’étude :
- livre sur l’oeuvre de Louise
- comment éditer des textes dont on a perdu les traces d’écriture initiales ?
- moissonner un dépot de textes (analyser les écritures réalisées par les outils à l’intérieur des textes) : se focaliser sur un diffuseur ? une revue ?
- livre sur l’oeuvre de Louise
- Partie 6 (alternative) : traces et mémoire : entre processus d’écriture et artefact publié
- reprendre hypothèse de Louise dans l’intelligence des traces
Résumés courts des parties
- Partie 1 :
Cette première partie est centrée sur la définition de l’intime et sur la mobilisation de cette notion dans le cas spécifique de l’intimité du chercheur. Plutôt que de se focaliser sur une acception courante et contemporaine de l’intime qui, depuis la seconde moitié du 20e siècle, est relié à l’érotisation du corps, principalement par le fait de la réappropriation de ce terme par les grands médias (Montemont), nous retraçons son histoire dont les plus anciennes traces remontent à l’Antiquité. Que l’intimité soit héritée de l’empire grec ou du christiannisme, nous nous appuierons sur l’histoire de ce concept pour nous aider à penser ce que peut être l’intimité du chercheur dans l’espace numérique.
- Partie 2 :
L’intimité du chercheur prend la forme d’un parcours tout au long duquel s’agrègent différentes entités, qu’elles soient de nature humaine ou numérique. Ce sont elles qui contribuent à façonner les textes qui, mis bout à bout, produisent l’intimité du chercheur. Afin de contextualiser l’écosystème de cette trajectoire, nous reviendrons dans cette deuxième partie sur l’histoire des productions savantes et sur les transitions entre les différents medium qui les ont supportés jusqu’à ceux de l’espace numérique. Nous mobiliserons la théorie des médias en nous appuyant sur les différents courants depuis McLuhan comme prisme de lecture de cette histoire des médias. Enfin, nous détaillerons la composition d’une chaîne éditoriale classique d’une revue numérique en 2023 en nous basant sur le modèle déployé par le diffuseur OpenEdition.
- Partie 3 :
En suivant les pensées de l’éditorialisation et de l’énonciation éditoriale, l’écriture numérique n’est plus le seul produit d’une fonction auctoriale, mais d’un ensemble de fonctions éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie. Cet ensemble comprend à la fois des interventions humaines mais aussi des interventions réalisées par la machine que l’on peut inclure dans ce que l’on appelle une chaîne éditoriale. Selon ce dispositif, et puisque notre hypothèse positionne l’intime en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander si l’ensemble des fonctions éditoriales ne participeraient-elles pas à produire l’intimité du chercheur et à transformer ainsi l’intimité en intimité collective / commune ? Pour apporter des premiers éléments de réponse, cette troisième partie sera dédiée aux interactions entre le texte et les acteurs qui participent à son écriture.
- Partie 4 :
Le texte, une fois rédigé, n’est pas publiable en l’état. L’action suivante à l’écriture consiste à transformer et adapter le contenu textuel à l’objet que l’on souhaite rendre public, tout en respectant un certain nombre de régles éditoriales selon le type d’objet à produire et des politiques éditoriales en vigueur dans les maisons d’édition ou les revues savantes. Cette transformation, que l’on peut associer à des changements de formats, procède à des modifications du texte original pour qu’il soit adapté à l’objet désiré. Ce faisant, la transformation réécrit intégralement le document pour en générer un nouveau qui n’est plus le document source, au détriment d’une partie de l’écriture initiale qui doit disparaitre et ne sera, ce faisant, jamais publiée. De plus, à l’instant de la publication, on peut également observer une nouvelle modification puisque le texte n’est jamais présenté sous son apparence brute mais se voit dotée d’une surcouche graphique supplémentaire. Dans cette quatrième partie, nous démontrerons qu’en effacant des traces de l’écriture du document source et en y adossant une surcouche graphique, ces transformations suppriment et cachent une partie de cette intimité que l’écriture a produite. Nous nous appuierons sur des cas concrets de transformations réalisées par plusieurs logiciels avec Pandoc et Le Pressoir.
- Partie 5 :
Lors des parties 3 et 4, nous avons observés les écritures numériques réalisées par la machine. Toutefois, comme nous l’avons vu dans la partie deux, la chaine de publication en sciences comporte une autre étape que dans une chaine plus traditionnelle : la relecture par les pairs. Celle-ci est à l’origine de nombreuses modifications dans le texte…
- Partie 6 :
Enfin, la sixième et dernière partie sera consacrée aux dimensions mémorielles des publications savantes, à ce que ces mémoires décrivent et aux différences qu’il peut y avoir entre le texte dans l’espace de la chaîne éditoriale et le texte accessible aux publics. Les procédures d’archivage et/ou de pérennisation des ressources numériques ne sont pas complètement fiables, du fait de plusieurs paramètres tel que l’obsolescence, en conséquence de quoi il n’est pas rare de trouver des archives incomplètes voire corrompus. Alors qu’elles font office d’indice et de trace de publication antérieure, ces mémoires représentent-elles fidèlement les objets qui ont été publiés ? Quels écarts existent-ils entre ces deux artefacts ?
- Conclusion :
Le parcours d’un texte, d’une recherche, d’un chercheur dans l’espace numérique crée à chaque jalon de son écriture de nouveaux écarts entre une action auctariale et l’objet qui fait mémoire. Cette thèse sur l’observation de la manifestation de l’intimité du chercheur montre que ces différentes étapes d’écriture du texte participent ainsi à construire l’intimité. L’intimité du chercheur peut alors être considérée comme un produit de l’écriture, non pas sous la forme d’un individu (auteur), mais sous la forme d’une trajectoire matérialisée par les différents medium et médiations mobilisées tout au long du processus d’écriture.